SNCF. Les TER sont-ils sûrs ? La question est posée après le déraillement survenu à Sainte-Pazanne (44)

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12/10/2015 – 21H00 Nantes (Breizh-info.com) –  Ce lundi 12 octobre vers 6 heures du matin, un TER 73500 circulant sur la ligne Saint-Gilles-Croix-de-Vie – Nantes a déraillé à l’entrée de la gare de Sainte-Pazanne(44), bloquant la circulation pour la journée. L’engin aux couleurs de la région… Poitou-Charentes est resté debout, le bogie arrière à 1.80 m de la voie. Par chance, aucun des 12 passagers n’a été blessé, sinon le contrôleur du train qui a eu une légère entorse à la cheville après avoir chuté dans le train. L’engin a été relevé avec succès en début de soirée. Cet accident pose la question de la dangerosité de ce type d’engins, bien connus des cheminots pour leurs nombreuses défaillances.

Les X73500 sont petits et ronds ; c’est pourquoi on les surnomme parfois « suppos » ou « concombres ». Ils peuvent circuler seuls (en US) ou attachés par deux ou trois (en UM). Mis en service entre 1999 et 2004, principalement sur des lignes secondaires non électrifiées, ils ont été développés par Alstom et De Dietrich Ferroviaire. Élégants et modernes, ces trains connaissent pourtant régulièrement des problèmes de sécurité très graves, et ce dans toutes les régions de France.

En terme technique, on appelle ça un deshuntage. C’est à dire que le train disparaît à plusieurs reprises des écrans de contrôle. Et là, comme le rappelle la CGT-Cheminots de Hendaye-Bayonne après un incident grave le 11 janvier  dernier, les risques sont nombreux : « risque de nez à nez [collision frontale] avec un autre train, risque de choc par l’arrière avec un autre train, risque de collision avec un véhicule à un passage à niveau barrières ouvertes…» ou déraillement. Pour résumer, le train est en roue libre, livré à lui-même ou presque. Ce qui s’est passé à Sainte-Pazanne, c’est que l’aiguillage s’est déplacé sous le train, qui n’était plus détecté dans la zone. Et ce train – devenu « fantôme » pour les installations de contrôle – a déraillé.

La direction de la SNCF n’a pas répondu aux syndicats. Et ce, bien que d’autres incidents et accidents graves aient mis en cause le deshuntage de TER 73500 à certains endroits, notamment aux passages à niveau. L’enquête sur la collision entre un TER de ce modèle et un véhicule, qui a emporté la vie d’une automobiliste en 2006 sur un passage à niveau entre Brest et Morlaix, avait débouché  à la conclusion qu’il y avait eu lieu un deshuntage. Et ce malgré toutes les dénégations de la SNCF, dont la direction nationale préfère appliquer la politique de l’autruche en mettant en cause la pollution du rail par de l’oxyde de fer et de la silice, la diminution du trafic ou le manque de dérouillement du rail par des engins plus légers.

Sous couvert d’anonymat, un cheminot nantais nous a donné son sentiment : « ces engins sont dangereux, et nous le savons. D’ailleurs ils sont interdits de circulation sur la ligne Saumur-Thouars, qui est à voie unique aussi suite à de nombreux deshuntages ». Interdits ? « La SNCF a décrété que les X73500 étaient incompatibles avec la ligne, et à ma connaissance, c’est une décision des instances nationales et non de la direction régionale », croit savoir notre cheminot. Les 73500 sont effectivement retirés à ce jour sur deux lignes, Thouars-Saumur et Bordeaux-Bayonne-Hendaye. Le déraillement intervenu à Sainte-Pazanne – si l’hypothèse du deshuntage se confirme – obligera-il la SNCF à prendre des mesures avant qu’il n’y ait un nouveau Brétigny ?

 Crédit photo  :  DR
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