13/10/2011 – 12h30
PARIS (NOVOpress Breizh) – Un rapport du Commissariat général au développement durable (CGDD) met en évidence le coût très élevé du traitement de l’eau en France, un coût lié pour l’essentiel aux pollutions d’origine agricole. Des pollutions dues à l’absence de volonté de l’Etat de remettre en cause un modèle hyper-productiviste dont ménages et contribuables font les frais.

Publiée sur Internet, cette étude analyse certaines dépenses entraînées par les pollutions agricoles diffuses dues aux apports excédentaires d’azote et de pesticides. Rappelant tout d’abord que les rejets de nitrates dans les rivières et sur le littoral atteignent 806 000 tonnes « dont environ 715 000 tonnes proviennent de l’agriculture et de l’élevage, soit 88,7 % », les auteurs du rapport identifient trois types de coûts : les dépenses supplémentaires des ménages entraînées par les pollutions agricoles des captages d’eau potable qui ne concernent qu’une infime partie des ressources aquatiques polluées ; le coût ( évalué partiellement) des autres impacts marchands de ces pollutions ; les coûts de dépollution de la ressource et des milieux aquatiques vis-à-vis des nitrates et pesticides agricoles transférés et accumulés dans ces milieux, basés sur les coûts unitaires connus des actuels procédés de traitement de potabilisation.

pollutions

Campagne bavaroise : 30% en moins d'azotes et de pesticides

Pour les ménages, le rapport du CGDD évalue les dépenses additionnelles générées par ces pollutions à une somme comprise entre 1.000 et 1.500 millions d’euros, dont 640 à 1.140 millions d’euros répercutés sur la facture d’eau, représentant entre 7 et 12% de cette facture en moyenne nationale. Quant aux ménages des localités les plus polluées, ces dépenses supplémentaires pourraient atteindre 494 €/ ménage ou 215 €/ personne, soit un surcoût de près de 140% de la facture d’eau. « Malgré ces dépenses additionnelles de traitement de l’eau, plus de 8 % des Français ont été alimentés au moins une fois dans l’année 2008 par de l’eau contaminée en pesticides à une concentration supérieure aux normes de potabilité » soulignent les auteurs du rapport.

A ce coût, il faut encore ajouter, toujours pour les ménages, la consommation d’eau en bouteille liée à la pollution (220 M€/an), le filtrage de l’eau du robinet à domicile (140 à 160 M€/an) ; pour l’Etat et les collectivités locales, le traitement des algues vertes (entre 100 et 150 M€/an) et le coût du contentieux entre l’État et Bruxelles sur la qualité des eaux (non chiffré).

Reprenant les observations faites en 2010 par la Cour des comptes sur la qualité de l’eau le CGDD fait remarquer par ailleurs que des pays comme le Danemark et la Bavière ont réussi, en responsabilisant leurs agriculteurs sur des actions préventives, à réduire de 30 % leurs consommations d’azote et de pesticides au bénéfice de la qualité de leurs eaux.

La France, elle, a préféré généraliser des pratiques de traitement de ces pollutions à l’entrée des réseaux d’eau potable. Or ces traitements s’avèrent 2,5 fois plus coûteux au mètre cube traité que la prévention opérée en Bavière, et ils n’améliorent pas la qualité de la ressource. Reprenant les conclusions de la haute juridiction financière, le CGDD attribue ces résultats décevants à « l’insuffisante volonté de l’Etat de remettre en cause des pratiques agricoles durablement marquées par l’encouragement au productivisme et le choix d’une agriculture intensive ».

Crédit Photos : « Nettoyage des déchets, plage de Morgat », Lamiot, sous licence Creative Common. « Campagne bavaroise, chapelle de Laibarös », Johannes Otto Först, sous licence Creative Common.
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